Mise à jour 8 novembre 15h10 : avis d'ébullition terminé

Mulligan

« Beloeil et moi, ça fit, dit François Pouchet en souriant. C’est pas ici que ça a commencé mais c’est ici que l’entreprise a pris une importante expansion. Je suis content que nous ayons pu y rebâtir nos installations. »

Dans son grand bureau qui sent encore le neuf, François Pouchet, propriétaire de l’entreprise Mulligan International, relate avec émotion le matin du 4 avril 2015 alors qu’un de ses employés découvre des flammes dans le plafond. « C’était un plafond suspendu alors le feu a eu le temps de se propager avant qu’on le voit, raconte l’entrepreneur. Les flammes qui sortaient par la lumière faisaient un mouvement de va-et-vient comme si elles respiraient. Comme dans les films. Après avoir vidé trois extincteurs, je savais qu’il n’y avait rien à faire. » Sous la neige printanière, il a regardé son entreprise et sa vie s’envoler en fumée. Un nuage si dense que l’autoroute a dû être fermée pendant toute la journée.

Une activité familiale

François a commencé à ramasser les balles de golf avec son père à l’âge de huit ans. Ce sont les premiers à avoir demandé officiellement la permission à un terrain de golf pour le faire. Ils en ramassaient moins d’une dizaine par jour et les revendaient en posant une affiche sur le bord de la route. Aujourd’hui, c’est vingt millions de balles de golf, récoltées sur mille terrains à travers le Canada qui transigent à Beloeil. Comme au début, elles sont toutes lavées et triées à la main.

Son grand bureau, il le partage avec ses fils. L’un s’occupe des sites web de l’entreprise, l’autre est plus du type manuel. « Je crois beaucoup à notre jeunesse », explique François. La vice-présidente aux opérations n’a que 24 ans. Elle a passé une année dans son bureau à être formée. Les employés au nettoyage et au tri des balles sont de jeunes étudiants. « On leur offre un cadre professionnel pour apprendre un premier emploi, affirme-t-il. Ça ne se fait jamais au détriment de leurs études. Plusieurs restent avec nous jusqu’à huit ans. »

Un important réseau de soutien

Tout le processus de reconstruction a nécessité un important réseau de soutien. Outre sa famille, le propriétaire de Novatech, à Ste-Julie, lui a permis de relocaliser ses activités rapidement. L’entreprise était elle aussi passé par une perte totale causée par un incendie en 1994. Depuis, ils sont devenus des partenaires d’affaire. Son plus important client, Walmart, a lui aussi été très compréhensif et lui a fait confiance pour poursuivre l’approvisionnement. La ville de Beloeil a été un allié pour faciliter la reconstruction et l’obtention des permis nécessaires. « Beloeil et moi, ça fit, dit-il en souriant. C’est pas ici que ça a commencé mais c’est ici que l’entreprise a pris une importante expansion. Je suis content que nous ayons pu y rebâtir nos installations. »

Vers l’avenir

Quand on lui demande ce qui l’a aidé à se relever du drame, François Pouchet évoque avec une boule dans la gorge sa famille : « Ma femme m’a dit de continuer pour mes fils ». Avec l’incendie, il affirme avoir revu ses priorités et ne plus rien prendre pour acquis. Il a révisé les contrats d’assurance, les politiques et les protocoles de toutes ses entreprises « pour être prévoyant. » L’épreuve l’a rendu plus fort. Il sait que c’est une grande chance d’avoir pu poursuivre ses opérations et même s’agrandir. L’année prochaine, Mulligan ouvrira des installations aux États-Unis et en Europe. D’ici cinq ans, François souhaite pouvoir récupérer 40 à 50 millions de balles par année. Une nouvelle ère s’ouvre pour eux.

*Prenez note que les portraits ayant été réalisés en 2017, certaines informations pourraient ne plus être à jour.